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Free Weelly

Série : Veronica Mars
Création : 31.08.2014 à 11h11
Auteur : lili59 
Statut : Terminée

« Suite du film Veronica Mars - Pour le reste, à vous de deviner grâce au spoiler de départ ! » lili59 

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SPOILER !


lili59  (31.08.2014 à 11:13)

- On est le 1er septembre, chica ! Le 1er septembre ! Le procès commence dans un mois et tu me dis que pour l’instant t’as rien, que dalle, nada ?
- J’adore quand tu m’appelles chica Weevil, ça me donne l’impression d’avoir encore dix-sept ans et la silhouette qui va avec. Tiens, t’as eu combien au contrôle de maths en fait ?


Avec un soupir, Weevil se laissa aller contre le dossier de la chaise et lança un regard mi-agacé mi-amusé à Veronica de l’autre côté du bureau.


- T’as vraiment le chic pour jouer avec les mots…
- « Chic », « chica »… C’est plutôt toi qui joues avec les mots alors arrête un peu de chicaner !


Weevil leva les mains au ciel, exaspéré, tandis que le visage de Veronica se fendit en un large sourire.


Tiens tiens, mon motard préféré serait-il en panne de vannes ? Un comble !


- Quand je serai en prison à cause de cette salope de Celeste Kane, tu te mordras les doigts d’avoir pris mon cas à la légère.
- Tu parles, tu seras comme un poisson dans l’eau là-bas : chicorée au petit-dej’ et tabac à chiquer au goûter !
- Dommage : ton chèque d’honoraires, lui, sera nettement moins chic…
- Tu sais très bien que pour toi c’est gratuit. Les bons comptes font les bons amis.
- Amis ? Una amiga ne me laisserait pas dans un tel pétrin !


Ravalant son sourire enjoué, Veronica referma le dossier ouvert devant elle et s’accouda dessus, mains croisées sous le menton.


Bon, je crois qu’il ne te reste plus qu’à passer la seconde Veronica !


- Etant donné que mes tentatives pour améliorer ton humeur ont toutes lamentablement échoué, je vais aller droit au but : je ne vois pas ce que je peux faire de plus Weevil.
- Tout ce que je te demande, c’est de me trouver le nom du mec qui m’aurait soi-disant vendu le flingue avec lequel j’aurai soi-disant menacé cette salope de Celeste Kane, c’est quand même pas sorcier !
- En fait, si. Et, en l’occurrence, j’ai pas de boule de cristal. Crois-moi, ce n’est pas parce que j’essaie – maladroitement - de te remonter le moral que je ne prends pas ton cas au sérieux : j’ai fait tout ce que j’ai pu et je continue. Mac a fouillé deux fois l’ordinateur de Dan Lamb à la recherche d’indices mais elle a fait chou blanc. Quant à moi et mon père, on a fait appel à nos réseaux mais personne n’a la moindre idée de l’identité de ce type.
- Et son procès verbal ? demanda le motard. Il a bien fallu qu’il témoigne au bureau du shérif !
- Lamb est malin, il lui a donné un pseudo : Rouky.
- Rouky ? Comme le chien ?
- Oui.
- Rouky… marmonna Weevil. Ce type a vraiment de drôles de références.
- Son frère aussi aimait bien faire allusion à des dessins animés.


C’est vrai ça : plutôt que de consulter une boule de cristal, je ferais peut-être mieux de partir à la recherche du Magicien ?


Elle poursuivit :


- J’en déduis que c’est congénital : le cerveau des mecs dans cette famille termine sa croissance à sept ans.
- Six. Sept, c’est déjà l’âge de raison…
- Ah ben voilà, tu retrouves ton sens de l’humour !


Weevil poussa un soupir las et se passa une main sur le front. Son masque tombé, il semblait fatigué … et vieilli.


- Désolé V, je sais que t’y es pour rien. C’est juste que je suis à cran. Jade me fait la misère à la maison à cause de cette histoire et…
- Ce ne serait pas plutôt à cause de ta panoplie blouson en cuir / moto / amis douteux ? le coupa la détective.
- Mes « amis douteux » sont ceux qui les protègeront Valentina et elle si je dois aller en taule.
- Tu n’iras pas en prison. En tout cas je ferai tout pour que ça n’arrive pas.
- Et comment tu comptes t’y prendre sans boule de cristal ?


Veronica décrocha le combiné du téléphone et appuya sur la touche 1 du cadran.


- Qui a besoin d’une boule de cristal quand il peut faire appel à Ma sorcière bien-aimée ?
- Oui ? demanda une voix féminine à l’autre bout du fil.
- Dis, tu pourrais relancer une recherche sur l’ordinateur de Lamb à propos de notre client ?
- Pas de souci, je fais ça de suite !
- Merci Samantha !
- Samantha ? Heu… C’est Mac tu sais V ! Weevil a mis de la téquila dans ton café ou quoi ?
- De la téquila ? Monsieur Navarro a une petite fille je te rappelle, il carbure au lait fraise !


Elle lança un sourire angélique à Weevil qui leva les yeux au ciel tandis que Mac répondait :


- Ouais, ben t’as pas intérêt à suivre son exemple lors de notre soirée cocktails avec Wallace demain ! Ah, au fait, quand tu auras terminé sache que tu as de la … « visite » qui t’attend.
- De la « visite » ?
- Elle n’a pas voulu donner de plus amples détails.
- OK j’arrive.


Veronica reposa le combiné sur sa base.


- Abracadabra !


Reprenant son sérieux, elle ajouta :


- Je ne te garantis pas que cette fois sera la bonne, mais avec le procès qui approche, il est possible que de nouveaux éléments soient versés au dossier et que ça nous donne un début de piste.
- Gracias V.


Il se leva, rajustant au passage son blouson en cuir sur ses épaules, et jeta un coup d’œil à sa montre.


- 16h50. Tu dois avoir pas mal de boulot, je vais pas te déranger plus longtemps.


Veronica grimaça.


- Pas tant que ça. Mon père ne m’a toujours pas pardonné d’avoir tout laissé derrière moi à New York, alors il s’octroie la quasi-totalité des affaires. Il doit penser que, si je m’ennuie suffisamment, je retournerai croquer la Grosse Pomme.
- Il y a des chances ?
- Aucune. Neptune est mon port d’attache.


La main sur la poignée, Weevil ricana.


- Dis plutôt que c’est le port où tu attends sagement ton marin… Tiens, au fait, c’est pas pour bientôt son retour ?


Le regard lointain, Veronica se fit évasive.


- Je crois oui.
- Tu crois ?
- Ca fait un petit moment qu’on n’a pas réussi à se parler sur skype, dit-elle en haussant les épaules pour feindre un moindre degré d’importance.
- Ah ouais ? Et là il est où là exactement ?
- Quelque part sur le chemin du retour je suppose…
- C’est dingue combien tu es bien informée pour une détective ! Il n’est pas censé être l’homme de ta vie le matelot ?


Veronica lui tira la langue mais le léger fard qui lui monta aux joues prouva à Weevil qu’il avait visé juste.


Bien joué Weevil : tu as trouvé mon point faible pour te remettre en selle !


- Bon allez, hasta la vista chica ! rigola Weevil en sortant dans le hall de Mars Investigations à reculons. Et la prochaine fois, donne-moi du solide, histoire qu’on la fasse payer cette salope de Celeste Ka… Oooh !


Il perdit l’équilibre et se raccrocha à la porte pour ne pas s’écrouler. Furibond, il se tourna vers l’inconnu qui lui avait fait perdre l’équilibre tandis que Veronica riait aux éclats.


- Pu…


Mais, en découvrant l’intrus, il ravala son juron. La fillette d’environ huit ou neuf ans, silhouette gracile et longs cheveux cendrés, qu’il avait bousculée se relevait en lui lançant un regard courroucé. Veronica fronça les sourcils. Ce long visage aux traits fins n’était pas sans lui rappeler vaguement quelqu’un…


- Veronica Mars ? demanda la fillette.
- Oui.


C’est en plongeant son regard dans ses yeux bleus, limpides, que Veronica comprit. Son visage se décomposa et elle blêmit.


- Weevil, tu veux bien nous laisser ? demanda-t-elle sans quitter l’inconnue des yeux.


Surpris par la voix blanche de son amie, il fronça les sourcils et observa la fillette. Qu’avait-elle de si spécial cette môme ? Mais bon, il avait bien d’autres soucis en tête… Il se contenta de grommeler de vagues excuses et sortit.


La petite fille s’approcha de la détective et lui tendit la main avec un aplomb étonnant pour une enfant de cet âge. Mais, devant l’immobilité stupéfaite de Veronica, l’enfant laissa retomber sa main et se contenta de se présenter :


- Je suis Lilly Kane. La fille de Duncan Kane.


Avec un sourire moqueur, elle précisa :


- La petite-fille de « cette salope de Celeste Kane ».

 


lili59  (01.09.2014 à 17:03)

Assise sur le même siège que Weevil quelques minutes plus tôt, la petite Lilly jaugeait les lieux d’un œil critique. Même si elle mesurait trente centimètres de moins que le motard et n’arborait pas de veste en cuir, sa droiture et son assurance la rendaient aux yeux de Veronica plus intimidante que le PCHer trentenaire.


Trois fantômes du passé qui ressurgissent dans un seul petit être, il y a quand même de quoi trouver ça flippant, non ? Elle a les traits de Meg, les yeux de Duncan … et le culot de ma Lilly. Mais, vu combien elle est menue, je ne suis pas sûre qu’elle héritera de son décolleté !


- Tu veux quelque chose à boire ? J’ai du caf… Heu, du coca.
- Je veux bien un verre d’eau, j’ai couru entre l’école et ici. C’est normal pour une agence de détectives d’être aussi loin du centre ville ?


Elle jeta un coup d’œil circulaire à l’endroit.


- Surtout qu’on peut pas dire que ce soit super beau !


Veronica esquissa un sourire pincé et ravala la réplique cinglante qui lui brûlait les lèvres.


- Je reviens tout de suite.


Elle se leva et sortit dans le hall dans lequel se trouvait le bureau de Mac. Celle-ci haussa les sourcils en quête d’informations et Veronica lui répondit par un haussement d‘épaules signalant son ignorance. Elle s’empara d’une petite bouteille d’eau dans le frigo et retourna dans son bureau. En posant la boisson devant la fillette, elle remarqua que celle-ci était plongée dans la contemplation de la maquette de voilier sur le rebord de la fenêtre.


- Amatrice de voile ? demanda-t-elle en allant s’asseoir.
- Un peu. Papa et moi, nous allions parfois nous promener sur le port de Sydney.


Veronica chercha à se représenter la scène, sans succès. A quoi Duncan pouvait-il bien ressembler aujourd’hui ? Depuis tout ce temps, il avait sans doute changé d’apparence pour fuir les recherches d’Interpol…


- Tu n’aurais pas un verre ?
- J’ai des mugs.


Lilly poussa un soupir blasé et Veronica fronça les sourcils.


Bon, visiblement aujourd’hui les gens ne sont plus sensibles ni à l’humour ni à la gentillesse. Tu veux être traitée comme une grande, Lilly ? Fort bien, ça m’arrange : je n’ai jamais été très douée en baby-sitting !


- Et si tu m’expliquais plutôt comment tu es passée des merveilleuses balades avec Papa sur le port de Sydney à une virée en solo à l’agence de détectives miteuse de Neptune ?


Jusque là si confiante, Lilly s’affaissa un peu sur son siège. Elle s’empara de la bouteille d’eau et en but une longue rasade.


- Je sais pas trop par où commencer… dit-elle en s’essuyant la bouche du revers de la main.
- Par le début ? proposa Veronica en se calant dans son fauteuil.
- Il y a deux mois et demi, Papa m’a annoncé que j’allais devoir aller vivre quelques temps chez ma grand-mère. Tu sais, cette sal…
- Ca va, j’ai compris. Pourquoi t’a-t-il envoyée chez elle ?


Lilly haussa les épaules.


- Aucune idée, j’ai tout essayé pour le faire parler mais ça n’a pas marché. Il m’a mise dans un avion en prenant quelques précautions et c’est tout.
- Quelles précautions ?
- Anna, ma gouvernante, m’a accompagnée. Elle vit avec moi chez Grand-mère. Je te dis pas le savon qu’elle va me passer lorsqu’elle va se rendre compte que j’ai filé en cachette dès la fin du premier jour d’école !
- A mon avis, ce n’est rien comparé à ce qui t’attend lorsque ta grand-mère découvrira le pot-aux-roses.
- Je suis sure qu’Anna va trouver une excuse et que Grand-Mère ne saura rien. Anna est super gentille, elle s’occupe de moi depuis que j’ai trois ans.
- C’est tout ce que je te souhaite. Tu as parlé de « quelques » précautions, quelles sont les autres ?


Lilly hésita. Après avoir longuement observé Veronica, comme pour s’assurer qu’elle pouvait lui faire confiance, elle expliqua :


- Papa m’avait donné un téléphone portable mais je ne devais en parler à personne, pas même à Anna. Il m’a dit que je pourrais le cacher dans la bouche d’aération de ma chambre.


Ben tiens…


- On avait convenu qu’il m’appellerait tous les dimanches soirs à 21 heures. Sauf que…


Elle marqua une pause et son masque de petite dure se fissura.


- … hier, pour la troisième fois, il n’a pas téléphoné.


Elle baissa la tête, tentant de cacher les larmes qui lui montaient aux yeux.


- Oh… se contenta de répondre Veronica, gênée. Ce n’est peut-être pas si grave ?
- Ben si ! aboya Lilly en relevant la tête. Sinon je serais pas là, qu’est-ce que tu crois ?


Grr… Lilly Kane première du nom, étais-tu aussi agaçante que ta nièce éponyme ? Car je sens poindre une once de solidarité pour ta mère là !


- Et qu’est-ce qui te fait croire que c’est grave ? Il est peut-être seulement dans un endroit où il ne capte pas bien ? Ou alors il a peut-être un souci avec son téléphone ?
- Il aurait trouvé un autre moyen. Tu connais pas Papa, il trouve des solutions à tous les problèmes !


En l’occurrence, si, je le connais très très bien ton cher et tendre Papa. Je sais peut-être même des détails sur son anatomie que tu ignores !


Lilly reprit :


- Je crois qu’il a des problèmes, et que c’est pour ça qu’il m’a envoyée chez Grand-Mère. A cause de la lettre.
- La lettre ?
- Papa m’avait donné deux lettres avant mon départ : une pour Grand-mère et une pour moi, mais je ne devais l’ouvrir que si quelque chose de grave arrivait. Mais j’ai désobéi et je l’ai lue dans les toilettes de l’avion. Heureusement, parce que Grand-mère me l’a confisquée dès que je suis arrivée à Neptune. En gros, il disait que si j’avais un souci, je devais aller voir une certaine Veronica Mars qui était détective privée à Neptune.


Veronica accusa le coup. Cette dernière phrase était lourde de conséquences, même si Lilly ne les percevait pas : tout d’abord que, même loin, Duncan avait continué à prendre discrètement de ses nouvelles. Mais surtout, une hypothèse sur la disparition de Duncan pointait dans son esprit. Et celle-ci ne lui plaisait pas. Mais alors pas du tout…


- Raconte-moi un peu votre vie là-bas.


Lilly s’essuya les yeux.


- Bah… Il n’y a pas grand-chose à dire. J’allais à l’école, mais je devais dire que je m’appelais Lilly Clarkson et que j’étais la fille d’Anna. Le soir, c’est elle qui s’occupait de moi car Papa rentrait très tard du travail, je ne le voyais pas beaucoup.
- Qu’est-ce qu’il faisait comme métier?
- Je sais pas. Il voulait pas me le dire. En tout cas on déménageait souvent et il changeait tout le temps d’apparence.
- Et Anna vous suivait dans tous vos déménagements ?
- Ben oui.
- Excuse-moi de te demander ça mais, en plus d’être ta gouvernante, est-ce qu’Anna n’était pas aussi … « l’amoureuse » de ton papa ?
- Beurk ! Non mais ça va pas la tête ?
- C’était juste une question !
- C’est dégoûtant !


Veronica sourit.


Alors comme ça, sous tes faux airs de pré-ado, tu restes une petite fille candide Lilly ?


- On en reparlera dans dix ans… En attendant, dis-moi : est-ce que ton père t’a expliqué pourquoi vous deviez déménager tout le temps ?
- Tu veux parler de la mort de Maman et de mon enlèvement pour éviter que je sois placée chez mes tarés de grands-parents ? demanda Lilly en haussant un sourcil moqueur.


Veronica se força à sourire et prit une profonde inspiration pour calmer ses nerfs en pelote.


- Oui, je sais.
- Et les Manning ignorent que tu es en ville je suppose…
- Ben oui hein ! Ici aussi je suis Lilly Clarkson !
- Dis, tu sais que lorsqu’on vient demander un service à quelqu’un il vaut mieux lui parler autrement que comme si on le prenait pour un demeuré ?
- J’y peux rien si ce quelqu’un pose des questions stupides !


Mais comment les angéliques Duncan et Meg ont-ils pu mettre au monde un tel démon ?


- Bon, tu vois autre chose à me dire ?
- A te dire, non. Mais je peux te donner ça.


Fouillant dans sa poche, elle en sortit un petit appareil portable rose vif affublé d’un autocollant One Direction qu’elle posa sur le bureau. Perdant son air goguenard, elle demanda :


- Aide-moi à retrouver Papa. S’il te plaît.


Veronica plongea les yeux dans le regard implorant de la fillette.


Mais le Diable n’est-il pas avant tout un ange déchu ?


- Bien sûr…

 

 


lili59  (02.09.2014 à 15:15)

- La pizza végétarienne de Madame est servie ! claironna Veronica en entrant dans l’agence, deux immenses cartons rouges à la main.


Elle referma la porte derrière elle d’un coup de pied.


- Merci Tony ! répondit Mac.
- Tony ? Ouh la la Angela, Weevil a mis de la téquila dans ton café aussi à ce qu’on dirait ! plaisanta Veronica en posant les boîtes à pizza sur le bureau de Mac.
- Non, par contre je te conseille d’en mettre dans le sien la prochaine fois qu’il viendra prendre des nouvelles de l’enquête.


Veronica grimaça et s’assit sur le siège face au bureau de son amie.


- J’en conclus que l’exploration du PC de Lamb n’a rien donné ?
- Niet. A part que sa pornothèque s’est encore enrichie de quelques titres…
- Pff… souffla Veronica en s’affalant dans son siège. Weevil va être furieux.


Mac hésita, comme si elle craignait que les mots qu’elle allait prononcer ne fâchent son associée.


- Je sais qu’il est ton ami mais tu ne trouves pas qu’il a … « changé » ces derniers mois ?


Veronica sourit, amusée par son tact aussi bienveillant qu’inutile.


- Effectivement, j’ai moi aussi de plus en plus de mal à voir en lui le gentil mari père de famille de la soirée de retrouvailles.
- En fait c’est comme s’il redevenait le Weevil du lycée, réfléchit Mac à voix haute. Celui qui roulait des mécaniques et qui faisait peur à tout le monde.


Veronica éclata de rire.


- C’est comme ça que tu le voyais ?
- C’est comme ça que TOUT LE MONDE le voyait Veronica !


La détective réfléchit.


- Pas moi. En général, à cet âge-là, les gros durs sont ceux qui cachent les plus grandes blessures…
- Tu en sais quelque chose !


Veronica lui tira la langue.


C’est dingue combien mes soi-disants « amis » savent viser là où il faut quand ils veulent me mettre en boîte ! Et si je retournais à New York finalement ?!?


- En tout cas je plains sa femme… poursuivit Mac. Elle est en train de découvrir son mari sous un tout autre jour !
- Jade n’ignorait pas le passé de Weevil en l’épousant : il lui avait tout raconté, elle savait où elle mettait les pieds. Et puis tu sais, je crois que son retour chez les PCHers n’est pas égoïste : il l’a fait pour elle et pour sa fille, parce qu’il veut s’assurer que des personnes puissantes les aideront s’il devait lui arriver malheur.


Mac fronça les sourcils.


- Ca veut dire que, selon toi, s’il était innocenté il quitterait le gang ?
- Je n’en mettrais pas ma main à couper, mais je crois qu’il y a une chance, oui. Parfois j’arrive encore à percevoir le gentil Weevil sous sa carapace.
- Il faut faire vite quoi.
- A qui le dis-tu...
- Désolée de ne pas pouvoir faire plus, souffla Mac en lançant un regard mauvais à son ordinateur.
- C’est pas de ta faute. Bon, on les attaque ces pizzas ?
- Yep !
- J’ai aussi acheté des Bud Light.
- Hum… Tu sais que je t’aime toi ?


Rien de tel qu’une pizza et une Bud Light pour remonter le moral à une hackeuse laissée KO par son PC !


Veronica se redressa et ouvrit le premier carton.


- Pizza reine, c’est la mienne.


Elle fit glisser la deuxième boîte vers Mac puis s’empara d’une énorme part de pizza.


- Tu as eu le temps de t’occuper du portable de Little Lilly ? demanda-t-elle avant de croquer dedans.


D’un commun accord, c’est ainsi que Mac et elles avaient décidé de surnommer leur cliente … pour éviter toute confusion avec la vraie Lilly, la seule, l’unique, l’irremplaçable.


- Oui. Effectivement elle a reçu pendant neuf semaines un coup de fil le dimanche soir à 21h, mais plus rien depuis le 10 août. Impossible de remonter les appels : ils viennent tous d’une SpoofCard.
- Une SpoofCard ?
- Une carte téléphonique qui peut être utilisée par n'importe qui avec n'importe quel type de téléphone pour rendre un appel intraçable, expliqua Mac. Elle affiche des chiffres différents du vrai numéro de téléphone pour garantir l’anonymat. Imparable. Apparemment, Little Lilly avait raison en disant que son père se dépatouillait de toutes les situations…
- Il faut dire qu’il a eu un certain nombre d’années pour s’entraîner à disparaître… murmura Veronica.
- S’entraîner à disparaître ? répéta Mac, surprise. Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu crois que Duncan la laisse volontairement dans le flou ?
- Pire… grimaça Veronica.


Flash back
Janvier 2005. Dans l’appartement des Mars, Veronica et Duncan sont assis sur le canapé et observent une dizaine de feuilles étalées sur la table basse du salon.
- Et comment tu comptes t’y prendre pour nous cacher dans l’appartement d’à côté en attendant de passer la frontière ? demande Duncan.
- Tadam! s’exclame Veronica en sortant une clé de sa poche, visiblement ravie de son coup. Emily, la précédente locataire, nous avait donné un double de sa clé pour qu’on nourrisse son animal de compagnie quand elle partait en vacances… Elle a oublié de le récupérer.
- Un chien ?
- Un serpent…
- Ah. Et tu arrivais à dormir en sachant que dans la pièce d’à côté il y avait un truc énorme qui pouvait te gober toute crue pendant ton sommeil ?
- Un boa, ce n’est rien comparé au nœud de vipères dans lequel j’ai évolué ces deux dernières années…
Le sourire de Duncan s’évanouit. Il détourne la tête pour fuir le regard de sa petite-amie et murmure :
- Désolé. Je sais que ce doit être la centième fois que je te le dis depuis l’arrestation d’Aaron mais…
Veronica pose une main réconfortante sur son épaule.
- Laisse tomber, c’est du passé. On a tous commis des erreurs.
- Hum… Certaines sont plus impardonnables que d’autres. D’ailleurs, je crois que de là où elle est, Lilly nous en veut toujours à mort pour ce que nous t’avons fait subir.
- Je l’imagine bien en train de lancer des jurons depuis son petit nuage rose ! Les anges la regardent avec de gros yeux, Saint-Pierre lui fait la morale et elle lui répond par un doigt d’honneur !
Duncan éclate de rire, avant de recouvrer très vite son sérieux.
- En parlant de Lilly… De l’autre Lilly… Il y a une dernière chose qu’il faut qu’on aborde toi et moi avant de se lancer dans cette aventure.
- Quoi ? demande Veronica en jetant un œil sur les papiers éparpillés sur la table. Il me semble que tout est rôdé, non ?
- En imaginant que ce plan de fou fonctionne et que j’arrive à m’enfuir. En imaginant que tu n’ailles pas en prison. En imaginant que j’arrive à élever cette enfant seul et à subvenir à ses besoins. Qu’est-ce qu’on fait si, un jour, ça devient trop dur ou trop dangereux ?
La réponse de Veronica fuse aussitôt, franche, directe, sans l’ombre d’une hésitation.
- Tu me l’envoies.
- Quoi ?
- Tu me l’envoies. Cette enfant est ta fille Duncan. La fille de Meg. La nièce de Lilly. Je ne la connais pas, et pourtant je l’aime déjà. Si jamais ça devenait trop compliqué, ou trop dur, tu me l’envoies. Sous une fausse identité, de préférence. Je prendrai le relais, je disparaîtrai à mon tour avec elle et je ferai de mon mieux pour l’élever.
Elle se mord les lèvres et ajoute :
- Je l’ai promis à Meg après tout…


- Quoi ??? hurla Mac. Tu crois que Duncan a abandonné sa fille ? Et qu’il veut que ce soit toi qui t’en occupes ?


Veronica poussa un soupir et lâcha sa part de pizza.


Bizarrement, cette hypothèse me coupe l’appétit !


- C’est possible.
- Et, te connaissant, tu tiendrais parole…


Un instant, les images de tout ce qu’elle perdrait défilèrent devant les yeux de Veronica : l’appartement qu’elle venait de décrocher sur la marina, le tandem qu’elle formait envers et contre tout avec son père à Mars Investigations, les soirées avec Mac et Wallace, le retour de Logan…


Logan… La suivrait-il au bout du monde avec l’enfant d’un autre ?


- Oui. Bien sûr que je le ferais. Quoi que ça m’en coûte…


Mac siffla, admirative.


- Bon, et tu comptes faire quoi maintenant ?
- Il faut que je sache la vérité. Celle que Duncan a écrite dans ses lettres…


Mac fit une atroce grimace.


- Ne me dis pas que tu comptes faire ce que je crois ?


Les yeux brillants de malice, le sourire mutin, Veronica temporisa :


- Après tout, ce ne sera pas la première fois que je m’introduirai incognito chez les Kane !

 


lili59  (03.09.2014 à 16:18)

Assise sur la terrasse de son appartement, le menton appuyé sur ses genoux, Veronica contemplait les dernières lueurs du jour disparaître, comme englouties par l’Océan Pacifique.


Une autre journée qui touche à sa fin. La 172ème depuis ton départ Logan… Chaque soir, c’est mon rituel : observer l’océan qui nous sépare et la fin du jour qui nous rapproche. Sauf que cette fois, l’océan n’est plus mon rival : il est celui qui porte ton navire vers moi, un peu plus proche chaque minute. 172 jours… Plus que 8 avant de te retrouver. Enfin…


Avant d’aller se coucher, elle ralluma machinalement l’ordinateur portable en veille à côté d’elle et jeta un rapide coup d’œil à la liste de ses contacts skype connectés. Par simple acquis de conscience : ça faisait dix jours qu’elle n’avait pas eu de nouvelles de son marin. Elle ne le blâmait pas : un problème de réseau au beau milieu du Pacifique, ça arrive…


C’est donc avec surprise qu’elle vit apparaître le nom de Logan dans sa liste de contacts en ligne. Enfin, celui de « Captain America » comme il se faisait appeler sur la toile. Mais déjà la tonalité caractéristique de la réception d’un appel retentissait. Avec un large sourire, elle posa l’ordinateur sur ses genoux et accepta la communication.


- Hey ! s’exclama-t-elle lorsque le visage de Logan apparut à l’écran.


Il avait l’air fatigué. Ces six derniers mois, elle avait vu ses cernes se creuser un peu plus à chacune de leurs conversations.


- Hey ! répondit-il avec un sourire sincère mais las. Comment ça va à Neptune ?
- Comme d’hab’ : les riches vont bien et les pauvres vont mal. Mais on s’en fout des pauvres hein !


Logan sourit.


- Je parlais de toi !
- Super ! Plus que huit dodos avant ton retour, comment ça pourrait ne pas aller ?


Si les joutes verbales avaient été leur principal mode de communication par le passé, il n’en était plus de même aujourd’hui : plus mâtures, plus confiants l’un envers l’autre, ils parvenaient de plus en plus à livrer leurs pensées les plus intimes, leurs émotions les plus personnelles. Séparés par un océan, ils n’avaient jamais été aussi proches.


Logan grimaça.


- A propos de ça justement…


Oh oh…


- Nos retrouvailles sous la couette vont devoir attendre encore un peu. Le bateau a un souci, on est en attente d’une pièce de rechange pour pouvoir se remettre en route.
- Au beau milieu du Pacifique ?


Logan rigola.


- Non ! On est toujours sur notre base à Bahreïn, on n’a pas bougé.


A la déception vint s’ajouter un autre sentiment, qu’elle avait bien connu lors de leurs débuts mais qui ne l’avait pas encore titillée depuis le départ de Logan : la suspicion.


- Dans ce cas, pourquoi n’as-tu pas donné de nouvelles ces dix derniers jours ?
- J’étais au trou.
- Au trou ?! demanda-t-elle, aussi curieuse que surprise. Pourquoi ?


Logan haussa les épaules.


- Ca faisait un mois qu’un sale type harcelait une de mes collègues. Ca a fini par me gonfler…


Veronica se pinça les lèvres.


- Tu t’es battu ?
- Pour la bonne cause ! se justifia Logan. Et je peux t’assurer qu’après la dérouillée que je lui ai collée, il n’est pas prêt de recommencer !


Même si ça l’agaçait, Veronica devait bien l’avouer : un soupçon de jalousie la traversa.


- Dis donc, elle doit être sacrément sexy ta collègue pour que tu endosses ton costume de chevalier blanc !


Logan sourit, amusé. Il se pencha vers l’écran, comme pour faire une confidence, et chuchota :


- Beaucoup moins que toi. Crois-moi, de nous deux, c’est moi que cette séparation rend le plus fou.


Veronica éclata de rire.


Heureusement, mes amis ne sont pas les seuls à savoir appuyer à l’endroit où il faut. Sauf que Logan, lui, appuie là où ça fait du bien. Et pas qu’avec les mots d’ailleurs…


- Pauvre chou ! se moqua-t-elle, rougissante. Et dans combien de temps ton agonie devrait-elle prendre fin ?
- Aucune idée… soupira Logan en se laissant retomber sur sa chaise. Tout va dépendre du temps qu’il faudra pour réparer la soupape de sécurité du circuit de propulsion arrière.
- Quel pro ! Encore un peu et tu pourras égaler Mac en matière de charabia incompréhensible !
- Je prends ça comme un compliment. Comment ça va le boulot au fait ? Tu es sur une nouvelle affaire ?


Veronica tiqua. Elle n’avait pas prévu de parler à Logan ce soir et n’avait pas réfléchi à si elle devait ou non lui parler de l’entrée fracassante de Little Lilly dans sa vie … et donc de sa recherche de Duncan.


Duncan, Little Lilly… Tout cela nous renvoie tellement à un passé que nous nous efforçons de dépasser : la mort de Lilly, la violence d’Aaron, notre première séparation et mon rabibochage avec Duncan… A quoi bon ? Avec un peu de chance, cette enquête sera finie d’ici son retour et pourrons-nous reprendre notre histoire là où nous l’avons laissée ?


- Je suis toujours coincée sur le cas Weevil. Tiens, il est passé au bureau cette après-midi, il était furieux. Mac a…


Mais, tandis qu’elle se lançait dans le récit de sa journée avec un enthousiasme feint, ses pensées voguaient ailleurs.


Après tout, un mensonge par omission n’est pas vraiment un mensonge. Si ?


lili59  (04.09.2014 à 16:32)

Veronica jeta un coup d’œil par-dessus son épaule afin de s’assurer qu’elle n’avait pas été suivie. Malgré la vieille casquette kaki qu’elle avait retrouvée dans sa « boîte à accessoires », elle fut aveuglée par la lumière blanche qui inondait le jardin des Kane. L’oreille tendue, l’œil aux aguets, elle patienta quelques secondes. Tout semblait calme. Dans sa poche, son téléphone vibra.


La limousine vient de revenir, comme prévu. Grouille et sois prudente. Wallace


Elle rangea son téléphone et, reportant son attention sur la fenêtre à guillotine, entreprit de la faire coulisser vers le haut. Celle-ci n’émit aucune résistance et glissa sans bruit.


Bien joué Little Lilly, tu as rempli ta part du marché ! Maintenant, à moi de jouer…


En se faufilant par la fenêtre, une impression de déjà-vu frappa Veronica. Elle se revit, dix ans plus tôt, s’introduire dans le même manoir pour dérober une preuve incriminant le Castle.


Finalement, la seule chose qui a changé, c’est la largeur de l’ouverture : une fenêtre à guillotine, c’est tout de même mieux qu’une chatière ! Et encore heureux, car je ne suis pas sure qu’aujourd’hui je pourrais encore me contorsionner dans un trou de souris. Espérons juste que cette fois je ne serai pas faite comme un rat !


Elle se redressa silencieusement dans le couloir, prête à encaisser le choc suivant. Même si elle était prévenue, la vision du portrait éclairé de Lilly lui donna la chair de poule. Le sourire sage de son amie était toujours démenti par les mêmes yeux verts brillants de malice.


Tu me manques Lilly. Surtout en ce moment où, à travers ta nièce, je te retrouve à nos débuts : belle, pleine de vie et d’esprit, impertinente, impatiente… Attachiante quoi !


Mais une, ou plutôt deux, nouveautés attirèrent le regard de Veronica : le portrait de Lilly n’était plus le seul à orner le mur. Il était désormais entouré de celui de Duncan et de celui de Jake Kane. Malgré tout le dégoût – et même la haine - qu’elle ressentait pour la maîtresse des lieux, Veronica se surprit à ressentir une once de compassion pour Celeste Kane.


Une fille assassinée, un fils recherché par Interpol, un mari derrière les barreaux pour espionnage industriel… Il semblerait que la solitude soit devenue votre seule compagne, Celeste.


Veronica secoua la tête pour en chasser cette pitié mal placée.


Pense plutôt à Jade et à Valentina qui risquent de se retrouver seules à cause de cette mégère, Veronica ! Ou plutôt, ne pense plus du tout et dépêche-toi de trouver ces fichues lettres !


La détective sortit le plan qu’elle avait dessiné le matin-même grâce aux indications de Little Lilly.

 


Flash back


Mardi 2 Septembre 2014, 7h50. La limousine des Kane se gare devant la Neptune Grade School. Un chauffeur d’origine asiatique - la trentaine, lunettes de soleil Ray-Ban et barbe de trois jours - sort du véhicule et ouvre la portière arrière. Lilly, vêtue de l’uniforme obligatoire – jupe plissée noire, chemisier blanc et écharpe en soie vert bouteille et jaune –, sort en grimaçant.


- Merci de m’avoir déposée saine et sauve en Enfer, Charon !


Le chauffeur sourit, pas du tout déstabilisé par l’attitude de la fillette.


- Bon courage Lilly, l’encourage-t-il dans un anglais parfait. Peut-être que la journée sera meilleure que celle d’hier ?


Little Lilly soupire.


- J’en doute, Hamilton… Entre les fils à papa qui me snobent depuis qu’ils ont appris que même si je viens en limousine je ne suis que la fille d’une femme de chambre et les latinos qui ne veulent pas d’une blanche dans leur bande, je sens que je vais encore rester toute seule dans mon coin toute la journée.


Un toussotement interrompt leur conversation. Little Lilly se retourne et découvre, bouche bée, Veronica devant la porte de l’école. Vêtue d’un tailleur et d’un chignon stricts, affublée de lunettes rectangulaires noires, elle aborde une mine pincée.


- Miss Clarkson ?


Little Lilly hoche la tête, sidérée.


- La directrice vous attend dans son bureau, veuillez me suivre je vous prie…


Veronica relève la tête et ajoute à l’attention du chauffeur d’une voix ne souffrant aucune réplique:


- Les chauffeurs ne sont pas autorisés à stationner devant l’école, vous bloquez la circulation. Veuillez déplacer votre véhicule s’il vous plait.


L’homme lui lance un regard peu amène mais, avisant la file de voitures effectivement en attente derrière eux, s’engouffre dans son véhicule sans broncher. Veronica attend qu’il ait tourné au coin de la rue pour empoigner Little Lilly par le bras et l’amener un peu à l’écart.


- On n’a pas beaucoup de temps… souffle-t-elle.
- Même pas pour un « bonjour » ? se moque la fillette, qui a visiblement recouvré ses esprits.


Veronica l’ignore.


- La première étape de l’enquête, c’est que je récupère les lettres que ton père vous a laissées. Autrement dit : il faut que je m’introduise chez ta grand-mère, et de préférence à une heure où je ne risque pas de me faire attraper. Une idée ?


Lilly réfléchit.


- Le matin Grand-Mère reste à la maison pour son entraînement de sport. L’après-midi, elle s’enferme dans son bureau pour régler des trucs pour Kane Software.
- Elle ne sort jamais ? s’étonne Veronica.
- Pas souvent.


Soudain, le visage enfantin s’illumine.


- Si ! En fin d’après-midi, elle m’accompagne à mes leçons de piano !


Mais sa bonne humeur disparaît aussitôt.


- Je pense que c’est le meilleur moment de sa journée, parce qu’elle peut déverser toute sa méchanceté sur mes fausses notes ! Je voulais apprendre la guitare électrique moi, mais elle n’a pas voulu ! Jamais Papa ne m’aurait forcée à apprendre à jouer d’un instrument aussi ringard !


Le visage de Veronica se fend en un sourire ironique.


- Pauvre petite, tu as vraiment une vie difficile… A quelle heure partez-vous pour l’échafaud ?


Pas dupe, Lilly lui lance un regard mauvais mais répond quand même :


- Un peu avant 16h, j’ai juste le temps de me changer entre l’école et le conservatoire.
- Et vous revenez vers ... ?
- Hamilton revient nous chercher à 17h et on arrive à peu près dix minutes après.
- OK. Ca va être juste mais il va falloir faire avec. Tu as une idée de l’endroit où elle aurait pu ranger les lettres ?


Lilly hausse les épaules.


- Dans son coffre-fort ? Sous son matelas ? Dans son soutien-gorge ?
- Ah ah, c’est fou ce que tu es drôle… Tu crois que tu pourrais laisser la fenêtre du couloir ouverte pour que je puisse m’y faufiler ?
- Pas de souci.
- Super. Ah, au fait…


Veronica sort le téléphone rose vif de Lilly de son sac à main et le lui tend.


- Tu ferais bien de le récupérer. J’y ai enregistré mon numéro de portable. Allume-le tous les soirs et vérifie que je ne t’ai pas laissé de message. Je ne suis pas sûre que le coup de la secrétaire pète-sec remarche encore une fois…


Lilly sourit.


- Pourtant le rôle te va super bien !
- C’est peut-être comme ça que je devrais te parler alors, pour que tu te montres obéissante ?


Lilly lui tire la langue et Veronica sourit. Aussi bizarre que cela puisse paraître, le sale caractère de cette môme n’est pas pour lui déplaire.


- Allez, rends-toi plutôt utile et aide-moi à dessiner un plan de la maison, ça me fera gagner du temps une fois sur place.

 


Devant Veronica, le plan du manoir s’étalait. La cuisine, le cellier et la buanderie occupaient toute l’aile est du bâtiment. La partie centrale – face à elle – était réservée au salon et à la salle à manger. Le bureau, la salle de sport et le SPA occupaient l’aile ouest. Chambres et salles de bain se trouvaient toutes à l’étage.


Par où commencer ? Même si elle plaisantait, je pense que Little Lilly a vu juste en parlant du coffre-fort et du matelas de Celeste : ces lettres ne peuvent se trouver que dans son bureau ou dans sa chambre… Mais par où commencer ?


Veronica hésita et son regard se posa à nouveau sur les trois portraits.


Même si je voudrais croire que les épreuves de la vie ont un peu adouci votre cœur dur comme la pierre Celeste, ce que vous faîtes subir à Weevil et à sa famille me prouve le contraire. Vous avez toujours dirigé votre famille comme une entreprise, je mise sur le bureau !


Sa décision prise, Veronica s’engouffra dans le couloir perpendiculaire. Au bout d’une trentaine de mètres, elle déboucha sur trois portes en arc-de-cercle. Elle jeta un coup d’œil au plan : porte de gauche, bureau ; porte du milieu, salle de sport ; porte de droite, SPA. Elle rangea le plan dans sa poche et, appuyant sur la poignée de la porte de gauche, croisa les doigts. La porte pivota sur ses gonds et Veronica ne put retenir un soupir de soulagement. Elle referma précautionneusement derrière elle.


La pièce, sans surprise, était froide et impersonnelle. Sur le large bureau en verre poli, quelques dossiers étaient impeccablement empilés. Mais la majorité des dossiers devaient être enfermés face à la baie vitrée, dans les larges placards … dont les portes étaient évidemment fermées à clé, comme Veronica put le constater.


Bon, eh bien il ne me reste plus qu’à miser sur ma bonne étoile…


Elle passa derrière le bureau et un sourire s’épanouit sur son visage lorsqu’elle découvrit le premier dossier sur la pile.


« Duncan »


Elle l’ouvrit et parcourut des yeux un compte-rendu daté de la veille. Apparemment Clarence Wiedman – qui avait déjà fini de purger sa peine de prison pour avoir aidé son patron à espionner une entreprise concurrente – avait repris du service et avait été chargé par Celeste de retrouver la trace de son fils. Sans résultat, pour l’instant.


Voilà qui n’est pas très encourageant pour ma propre enquête…


Veronica ne s’attarda pas et parcourut le dossier. C’est à la fin du dossier qu’elle trouva deux enveloppes. Elle reconnut aussitôt l’écriture de Duncan. Bien qu’un peu moins lisible qu’au lycée, sa calligraphie n’avait pas changé : arrondie et espacée. Elle ouvrit la première enveloppe, adressée à « Ma Lilly, au cas où… » et lut :

 

J’espère que tu n’auras jamais à lire ces mots ma chérie. En tout cas, je ferai tout pour que ça n’arrive pas.

Surtout ne va pas croire que je t’ai laissée de mon plein gré. Un père n’envoie jamais sa fille à l’autre bout du monde de gaieté de cœur. Inimaginable. Surtout quand sa fille est une enfant aussi gentille, intelligente et pleine de vie que toi.

Alors, si jamais tu lis ces mots mon cœur, sois tout d’abord assurée de mon amour. Un amour infini et éternel.

Ne sois pas fâchée si je ne t’ai pas expliqué les raisons de notre séparation. En tout cas, sache que je n’avais pas d’autre choix. Peut-être aurais-je pu te laisser sous la simple garde d’Anna. Tu ne sais pas combien de temps j’ai hésité avant de te confier à ta grand-mère. Une seule et unique raison m’y a poussé : la peur qu’Interpol ne retrouve ta trace car Anna n’a jamais appris à dissimuler ton existence. N’y vois pas un manque de confiance vis-à-vis d’elle, j’adore Anna et tu le sais. Et puis ce sera l’occasion pour toi de faire connaissance avec ta grand-mère !

Grand-père (mon grand-père, pas le tien) avait coutume de me dire quand j’étais petit : « Retourne d’où tu viens lorsque la vie est dure, c’est dans tes racines que tu trouveras le réconfort. » Alors j’ai décidé de suivre ses conseils, en espérant que ses propos étaient sages. Ne m’en veux pas si je me suis trompé. Duncan Kane est certes ton super-papa, mais il est aussi un simple mortel qui cherche à faire du mieux qu’il peut avec les moyens qu’il a.

Hélas, si tu lis ces mots, c’est que notre séparation est plus longue que prévue. Ou que tu rencontres des problèmes dans ta nouvelle vie. Si tel est le cas, va voir la détective privée Veronica Mars à Neptune. Plus que quiconque, elle saura t’aider. Imaginative et méticuleuse, elle saura ce qu’il lui reste à faire. Trouver la solution adéquate. Aie confiance en elle autant que moi. L’histoire n’en est peut-être qu’au commencement…

 

Le cœur de Veronica se serra. Son hypothèse sur l’abandon de Lilly –pour une raison de force majeure certes, mais un abandon quand même - était renforcée à la lecture de cette missive. Elle allait ouvrir la deuxième enveloppe, intitulée : « Maman » lorsque son téléphone vibra dans sa poche.


Une décapotable rouge vient de rentrer dans la propriété. Sors de là tout de suite !

Mais déjà la sonnette retentissait.

 


lili59  (05.09.2014 à 14:09)

Aussitôt, Veronica ouvrit l’application appareil photo de son smartphone et photographia la lettre adressée à Lilly, puis celle adressée à Celeste sans prendre le temps de la lire. Aussi vite que possible – malgré ses doigts qui tremblaient –, elle envoya les fichiers à Mac. Pendant ce temps, elle réfléchissait à toute allure :


Ca sent le roussi… Si jamais je suis prise la main dans le sac, il ne faut en aucun cas que Celeste se doute que je suis là pour Little Lilly, sinon Dieu seul sait quelles en seraient les conséquences. Tant pis, je lui dirai que j’enquête pour Weevil. Au point où il en est le pauvre…


Un vieux souvenir datant de son stage au FBI lui revint en mémoire. D’un geste, elle supprima les photos qu’elle venait de prendre et le texto qu’elle venait d’envoyer à Mac.


Comme ça, si jamais il vient à l’idée de Big Brother de fouiller mon téléphone portable, il ne trouvera rien ! Bon, il ne me reste plus qu’à effacer mes traces et à filer à l’anglaise…


S’approchant de l’immense baie vitrée, elle en chercha la poignée … en vain ! Veronica fronça les sourcils et, soudain, avisa un cadran à sa droite. Comme quoi, certaines choses avaient quand même changé chez les Kane : leurs ouvertures étaient désormais sécurisées par un code ! Comment Little Lilly l’avait-elle obtenu pour ouvrir la fenêtre à guillotine ? C’était une très bonne question. Mais Veronica en avait une bien meilleure en réserve :


Bon sang mais comment je vais sortir de là moi ?!? Quand je vous disais que j’espérais ne pas être faite comme un rat ! Bon, eh bien je crois qu’il ne me reste plus qu’à miser sur mon côté Speedy Gonzales et à traverser la maison le plus vite possible !


Elle traversa la pièce en quelques enjambées … quand elle entendit des bruits de voix dans le couloir. Elle s’immobilisa, retenant sa respiration sans même s’en rendre compte.


- … tellement désolée d’avoir dû annuler le rendez-vous de ce matin !


Cette voix…


- Ce n’est pas grave Madison, cela peut arriver. Vous êtes habituellement ponctuelle, ça ne m’a pas dérangée.


- Vous n’avez pas dû bouleverser votre emploi du temps à cause de moi j’espère ?


Les voix étaient juste derrière la porte désormais. Le cœur battant, Veronica entendit les deux femmes pénétrer dans la salle adjacente au bureau.


La salle de sports ! Comment avais-je pu oublier que Madison Sinclair était devenue LA référence en matière de coach sportif à Neptune ces dix dernières années ?!?


Mais déjà Celeste Kane répondait, cinglante :


- Cessons ces politesses inutiles voulez-vous. Je vous ai dit que ce n’était pas important, c’en est assez.
- Oui Mrs Kane, répondit Madison, déconfite, à la manière d’une enfant qu’on aurait grondée.
- Par quoi commençons-nous ?
- Etant donné l’heure tardive, je pensais à une petite séance de stretching suivie d’une cinquantaine de longueurs dans la piscine et une séance de hammam pour terminer, qu’en pensez-vous ?
- Parfait.


Une musique de relaxation monta en sourdine. Les deux femmes se turent. Veronica les imaginaient, de l’autre côté du mur, en train de faire des étirements. Peut-être se regardaient-elles dans un miroir accroché sur le mur mitoyen au bureau ? Si elles avaient su que, derrière, se cachait Veronica, qui sait laquelle des deux lui aurait arraché les yeux la première ?


Allez Veronica, à toi de faire ta petite séance de sport ! Au programme, triathlon : sprint, saut de fenêtre et escalade de muret. Et autant te dire que t’as intérêt à décrocher la médaille d’or, voire à exploser le record olympique !


Tout doucement, la jeune femme entrouvrit la porte du bureau, prête à se faufiler dans le couloir … lorsqu’elle avisa que la porte de la salle de sports était restée grande ouverte ! Située juste en face du corridor, il n’y avait aucune chance qu’elle puisse le remonter sans être vue des deux femmes ! Veronica jura silencieusement et referma la porte derrière elle sans bruit. C’est au moment où le pêne entrait doucement dans la gâche qu’un bruit beaucoup plus sourd résonna derrière elle. Veronica se retourna tout de go et remarqua, avec stupeur, que la baie vitrée venait de s’ouvrir alors que disparaissait dans le jardin le bas d’un pantalon noir !


Malheureusement, elle n’avait pas été la seule à entendre le déclic de la baie : dans la pièce adjacente, la musique se tut et la voix assourdie de Madison demanda :


- Vous avez entendu ça ?


Pas le temps de te demander si c’est l’Ange Gabriel ou le fantôme de Lilly qui vient de te venir en aide, tu verras ça plus tard ! Fonce !


Elle se précipita vers la baie vitrée lorsque, en passant devant le bureau, elle remarqua qu’elle n’avait pas reposé le dossier « Duncan » sur la pile. C’est en voulant le remettre à sa place qu’elle aperçut le nom du dossier juste en dessous :


« Eli Navarro »


Veronica pinça les lèvres et jeta un regard anxieux à la porte.


Tant pis… Une page, juste une page !


Elle ouvrit le dossier et, dans la panique, mit une ou deux secondes avant de parvenir à déchiffrer les mots qui s’étalaient sous ses yeux. Enfin, elle comprit le contenu essentiel du document : un contrat de travail achetant le témoignage d’un certain W. Smith en échange d’une coquette somme d’argent !


- … personne dans le SPA. Continuez vos exercices Mrs Kane, je vais juste vérifier de l’autre côté !

 

Voilà LA preuve qui disculperait Weevil ! Mais impossible de la photographier assez vite sans me faire attraper par Madison… Et si je prends le contrat, Celeste saura que je me suis introduite chez elle et elle pourrait faire le lien entre moi, la lettre de Duncan et Little Lilly !


Veronica n’avait pas le temps de tergiverser. N’écoutant que son instinct, elle referma le dossier intact, reposa celui de Duncan par-dessus et se précipita dans le jardin - égratignant au passage ses jambes sur les rosiers – et referma la baie vitrée derrière elle. Elle n’eut que le temps de se plaquer contre le mur avant que Madison n’entre dans la pièce. Celle-ci fronça les sourcils, perplexe. Elle était pourtant certaine d’avoir à nouveau entendu ce drôle de bruit… Elle haussa les épaules et retourna dans la salle de sport.


- Tout va bien ! Vous n’avez pas un chat qui aurait pu renverser quelque chose par hasard ? En pourchassant une souris peut-être ?


Dans le jardin, Veronica soupira de soulagement. Mieux valait ne pas s’attarder. Remarquant confusément qu’un autre cadran se situait à l’extérieur de la baie vitrée, elle traversa le jardin en se penchant le plus possible pour ne pas être aperçue.


Une souris verte qui courait dans l’herbe…


Après un temps qui lui parut interminable, elle parvint enfin au muret, l’escalada et retomba dans la rue de l’autre côté. La décapotable bleue de Logan n’avait pas bougé. Grimpant du côté passager, Veronica s’écria :


- Fonce !


Wallace ne se fit pas prier.


lili59  (08.09.2014 à 21:59)

La tête posée légèrement en arrière sur l’appuie-tête, Veronica tentait de recouvrer un rythme cardiaque normal. Wallace lui jeta un coup d’œil inquiet avant de reporter son attention sur la route. Il connaissait Veronica : lorsqu’elle se sentait en danger, elle se fermait comme une huître, mieux valait lui laisser un peu de temps pour qu’elle accepte de s’ouvrir à nouveau. C’est seulement lorsqu’ils furent sortis du pâté de maisons qu’il leva le pied et engagea la conversation :


- Ca a été chaud ?
- Brûlant… répondit Veronica en redressant la tête. Devine un peu quel démon est venu me rendre visite en Enfer ?
- La décapotable est passée trop vite, j’ai seulement eu le temps de voir des cheveux blonds…
Veronica sourit.
- Un indice : la blondeur de sa chevelure égale la noirceur diabolique de son âme…
Wallace fit de gros yeux.
- Madison Sinclair ?
- Je te le donne dans le mille !


Wallace se renfrogna.


- Je la déteste. Déjà que je ne la portais pas dans mon cœur au lycée, mais alors depuis la soirée des retrouvailles… Je crois que je la hais encore plus que Rihanna depuis qu’elle a décidé de pomper le style de David LaChapelle ! Mais quand même moins que le coach de Fairfax... Quel enfoiré celui-là !


Veronica, pas dupe, sourit.


Mon Papa Ours… Je sais bien que tes babillages n’ont d’autre fonction que de m’aider à faire retomber la pression ! Et, comme toujours, ça fonctionne parfaitement ! Si j’étais restée à New York, j’aurais sans doute fini par t’engager comme antidépresseur !


- Bon, et sinon qu’est-ce qu’elle fichait là la guenon ? demanda son meilleur ami.
- C’est le coach sportif de Celeste Kane. A ce que j’ai compris, elles avaient exceptionnellement décalé leur cours matinal à la fin d’après-midi.
- Tu veux dire que tout à l’heure dans la limousine il n’y avait que la petite Lilly ?
- Oui, à moins qu’elle n’ait été exceptionnellement accompagnée de sa gouvernante…


Wallace réfléchit.


- Mais alors… Ca veut dire que pendant tout ce temps Celeste Kane était chez elle ?!?
- Hum hum… Je suppose qu’elle était en train de se préparer à l’étage. Quand je t’avais dit que ça avait été chaud !
- Tu sais que t’as une chance de cocue ?


Merci Wallace, très sympa…


Son meilleur ami grogna.


- T’as vraiment eu de la chance…, je t’avais pourtant bien dit que c’était une mauvaise idée… Comment tu t’en es sortie finalement ?
- Quelqu’un est venu m’ouvrir.
- Ah ah… fit-il mine de rire. Et plus sérieusement ?
- Quelqu’un est venu m’ouvrir.


Wallace resta silencieux un instant.


- Tu as une idée de qui ça peut être ?
- Aucune… soupira à nouveau Veronica. C’est une histoire de fou !
- Welcome back in Neptune California ! rigola Wallace. Et tu as trouvé ce que tu voulais ?
- Oui.
- Et ?!?


Veronica tourna la tête et regarda le paysage défiler à l’extérieur.


- Je n’ai eu le temps de lire que le courrier adressé à Little Lilly.
- Je répète : « Et ?!? »


Veronica haussa les épaules.


- Je n’ai pas appris grand-chose, seulement que ça n’élimine pas l’hypothèse que Duncan ait voulu se débarrasser d’elle. Je crois qu’il aime sincèrement sa fille, mais il n’a peut-être pas eu le choix. Little Lilly m’a dit qu’ils devaient souvent déménager, je suppose qu’Interpol n’a toujours pas cessé sa traque. A moins qu’il ne bosse dans un milieu louche : il n’a pas voulu dire à sa fille ce qu’il faisait.
- Ou alors il en a seulement eu marre de mettre sa vie entre parenthèses depuis neuf ans et il a décidé de s’octroyer une pause…


Veronica se pinça les lèvres.


- Duncan n’est pas comme ça…
- Ce n’est qu’un homme V !


Et si Wallace avait raison ? Que disait-il dans sa lettre déjà ? « Duncan Kane est certes ton super-papa, mais il est aussi un simple mortel. »


Toute à ses pensées, elle sursauta quand la décapotable s’arrêta devant Neptune High School.


- Allez, je file ! s’exclama Wallace. J’ai une heure de retard, le coach McDonald va me tuer… N’oublie pas que tu me dois un Irish Coffee ce soir !
- Une promesse est une promesse ! sourit Veronica en sortant du véhicule pour passer du côté conducteur.
- Tu vas où là ? demanda Wallace en récupérant son sac de sport sur la banquette arrière.
- Au bureau. J’ai envoyé une copie des lettres à Mac, je voudrais les récupérer.
- Tu ne la trouveras pas, elle avait rendez-vous chez le coiffeur.


Veronica se planta devant lui, les mains sur les hanches.


- Comment se fait-il que tu sois plus au courant que moi des délires capillaires de mon associée ?


Wallace pointa du doigt la chevelure de la détective en rigolant.


- Non mais t’as vu ta coupe ?!?


lili59  (11.09.2014 à 16:32)

La porte de Mars Investigations n’était pas fermée à clef. En rangeant son trousseau dans son sac, Veronica prit une profonde inspiration, se préparant à la rencontre qui allait avoir lieu.


Il y a de cela quelques mois, la perspective de revoir mon père me remplissait de joie, mais ces retrouvailles étaient si rares ! Pourquoi faut-il qu’aujourd’hui, alors que je peux le voir autant que je veux, mes sentiments soient si partagés ?


Elle fit craquer sa nuque à droite et à gauche, comme un boxeur s’apprêtant à monter sur le ring, et entra dans l’agence. Comme l’avait prédit Wallace, le bureau de Mac était vide mais la porte menant à la deuxième pièce était ouverte. S’approchant, Veronica plaqua un sourire sur ses lèvres et toqua.


- Y’a quelqu’un ?


Keith releva la tête de son dossier et l’observa par-dessus les lunettes qu’il devait porter pour lire depuis son « accident de voiture » six mois plus tôt. Une conséquence inattendue du drame qui s’était joué ce soir-là, la plus visible depuis qu’il n’avait plus besoin de canne pour se déplacer. Tout juste boitillait-il un peu le soir quand il avait eu une journée particulièrement longue… Mais les lunettes n’étaient que la partie émergée de l’iceberg : Keith avait été profondément secoué par la mort de Sacks – une mort qu’il se reprochait, à tort. Même s’il n’en parlait pas, Veronica était persuadée qu’il menait depuis l’enquête pour lui rendre justice.


Et je serais ravie de l’aider, s’il me mettait dans la confidence… Mais une petite voix me dit que ce n’est pas prêt d’arriver…


- Ah tu es là ?
- Moi aussi je suis contente de te voir Papa ! ironisa gentiment Veronica.


Keith sourit et ôta ses lunettes. Veronica s’approcha de lui et l’embrassa au sommet du crâne.


- Ta planque sur Samuel Hummels s’est bien passée ? demanda-t-elle en s’installant sur le fauteuil face à lui.
- Sans souci. Mrs Hummels passera récupérer les preuves de l’adultère de son mari demain matin.
- A quelle heure t’es-tu couché ?
- Couché ? Moi ne plus connaître ce mot. Moi ne pas avoir dormi depuis trente-quatre heures vingt-neuf minutes et …


Il fit mine de regarder sa montre.


- … douze secondes.
- Papa ! râla Veronica. Tu sais bien que dans ton état il faut que tu te ménages ! Combien de fois devrai-je te répéter que je peux assurer les planques la nuit ?
- Et combien de fois devrai-je te répéter que ta place n’est pas ici ? demanda Keith, retrouvant tout son sérieux. Regarde !


Il montra le chevalet de bureau où était inscrit son nom.


- « Keith Mars », pas « Veronica Mars » !


Réalisant combien ses paroles étaient dures, il ajouta sur un ton plus léger :


- Et puis c’est trop petit ici, comment voudrais-tu qu’on fasse entrer un deuxième bureau dans ce cagibi ?


Au prix d’un gros effort, Veronica parvint à ne pas se démunir de son flegme : ils avaient déjà eu cette conversation une dizaine de fois, elle commençait à être rodée.


- Dis donc papy, tu sais qu’avec l’âge tu as tendance à radoter ? plaisanta-t-elle.


Mais Keith n’était pas décidé à changer de sujet. Se laissant aller dans son fauteuil, il croisa les mains et la regarda comme lorsque, ado, il lui faisait la leçon.


- Si au moins tu restais pour de bonnes raisons…
- Papa s’il te plaît…
- Je sais que Logan et toi avez…
- Stop ! s’exclama-t-elle en se levant. On ne va pas recommencer ! Je t’ai déjà expliqué que Logan n’était pas la seule raison de mon retour à Neptune !
- Ton attitude me déçoit Veronica…


La jeune femme pinça les lèvres, ravalant les larmes qui lui montaient aux yeux.


- Je sais. J’en suis désolée mais c’est ma vie, et j’ai déjà passé trop de temps à la gaspiller. Il faut que tu me fasses confiance. S’il te plaît…


Ils restèrent ainsi à se toiser quelques instants. Au bout d’un temps qui lui sembla interminable, Keith poussa finalement un soupir et secoua la tête.


Et maintenant il va changer de sujet, comme d’habitude… Jusqu’à la prochaine fois où le problème reviendra sur la table, comme d’habitude…


- Tu as des nouvelles à propos de Weevil ?


Oui Papa, figure-toi qu’en étant entrée par effraction chez les Kane j’ai appris le nom de l’homme qui lui aurait soi-disant vendu une arme !


- Non, toujours pas.
- Dommage. Tu es sur une nouvelle affaire alors?


Pourquoi t’en parlerais-je alors que tu fais tout pour me dissuader de suivre mon chemin ? Alors que tu tenteras de m’empêcher de tout mettre en œuvre pour retrouver Duncan? Alors que tu ne me dis pas toi-même que tu enquêtes sur l’assassinat de Sacks ?


- Non plus.


La porte d’entrée de l’agence claqua.


- Veronica ? demanda la voix de Mac, affolée.
- Je te laisse travailler… murmura Veronica. Ne te couche pas trop tard pour récupérer de ta nuit blanche.


Et, sans un regard, elle referma la porte derrière elle. Elle n’eut pas le temps de ruminer que déjà Mac lui sautait dessus. Elle avait changé de coupe- une brosse avec des piques argentés-, mais c’est surtout son air paniqué et inquiet qui retint l’attention de Veronica. Ca, et le fait inhabituel que Mac la prit dans ses bras.


- Est-ce que ça va ? lui demanda la hackeuse. Je suis venue dès que j’ai pu…
- Non pas que je sois contre un câlin de temps en temps, surtout en l’absence de Logan, mais je pourrais savoir ce qui te prend ?


Mac recula doucement.


- Tu n’as pas lu les lettres ? demanda-t-elle, sonnée.
- Seulement celle adressée à Little Lilly. Pourquoi ?
- Oh non… se lamenta Mac.


Veronica déglutit, soudainement mal à l’aise.


- Mac arrête un peu ton suspense, tu m’inquiètes là. Qu’est-ce qui se passe ?


Mac hésita. Finalement, elle saisit la main de son amie et l’attira vers une chaise où elle la fit s’asseoir.


- Veronica, je suis désolée mais… Duncan est mort.

 


lili59  (12.09.2014 à 16:56)

Maman,


Si tu lis cette lettre, c’est que Lilly est arrivée saine et sauve chez toi, et tu n’imagines pas à quel point je suis soulagé. J’ai passé plusieurs jours à organiser son voyage afin qu’il soit le plus sûr possible : je n’ai pas passé les huit dernières années à la cacher pour la renvoyer aussi facilement dans la gueule du loup !


Mais tu dois te poser beaucoup de questions : pourquoi t’ai-je envoyé ma fille ? Pour combien de temps ? Reviendrai-je la chercher un jour?


Mais avant tout cela, laisse-moi te remercier une fois encore pour l’aide que toi et Papa m’avez apportée toutes ces années. Sans l’énorme somme d’argent en liquide que Clarence Wiedman m’apportait une fois par an, jamais je n’aurais pu offrir à Lilly la vie qu’elle a connue. Vous avez été tellement généreux que nous n’avons même pas souffert de l’absence de liquidités durant son incarcération.


Avant de lire la suite de cette lettre, je voudrais aussi que tu saches que j’ai été heureux. Et ce bonheur, je le dois à ma fille. Lilly est une petite fille extraordinaire : douce et aimante comme sa mère, intelligente et pétillante comme sa tante. Elle est très en avance pour son âge : notre quotidien étant ce qu’il est – un déménagement à chaque fois que mon instinct me souffle de filer – elle a une grande capacité d’adaptation et une grande maturité. Je sais que ces qualités lui seront utiles pour son intégration à Neptune.


Oui, vraiment, j’ai eu une belle vie avec la chance d’aimer une femme de toute mon âme, puis un enfant de tout mon être. Je n’ai pas de regret.


Je vais mourir Maman.


Je suis désolé de te l’annoncer aussi brutalement, mais tu m’as appris que lorsqu’on doit retirer un pansement, mieux vaut l’arracher une bonne fois pour toutes plutôt que de le décoller lentement et d’éterniser la douleur.


Je souffre depuis cinq ans d’une myocardite subaigüe, un problème cardiaque a priori sans importance mais que j’ai mal soigné de peur qu’on ne retrouve ma trace à l’hôpital. A la longue, cette myocardite s’est transformée en cardiomyopathie de type dilatée. Et ça, c’est beaucoup plus grave…


Depuis plus de deux ans, je n’ai plus le choix et j’arpente les hôpitaux en quête du médecin qui trouvera la solution à mon problème. En vain. Les traitements pour insuffisance cardiaque ne sont plus efficaces. Seule une greffe pourrait encore me sauver. Mais j’attends, j’attends, et rien ne vient… Mon groupe sanguin AB négatif ne facilite pas les choses, les docteurs ne sont pas très optimistes.


Lilly ne sait rien de mon état. Je le lui cache du mieux que je peux, me reposant dans une chambre d’hôtel du matin au soir depuis plus de dix-huit mois tout en prétextant que je rentre tard du travail. Mais aujourd’hui je ne peux plus : la fatigue, les douleurs thoraciques et les malaises sont mon lot quotidien, il m’est impossible de les cacher plus longtemps. Il est aussi plus que temps que je prenne mes dispositions pour « l’après ». A ce sujet, je te charge de lui remettre l’autre courrier si je ne t’ai toujours pas donné de nouvelles d’ici trois mois.


Ne cherche pas à me retrouver. De toute façon, tu n’y arriverais pas. Je suis passé maître en la matière, demande à Interpol ! Il n’y a rien à ajouter de plus. Je sais que tu m’aimes, à ta façon, et je t’aime aussi, autant qu’un fils peut aimer sa mère. Pourras-tu dire à papa que je l’aime aussi lorsque tu iras lui rendre visite ?


Je vous embrasse.


Merci pour tout.


Duncan


PS : pourrais-tu garder à ton service Anna, la gouvernante de Lilly ? Elles sont très proches et Anna est très douée avec les enfants. En fait, tout le monde aime Anna. J’espère que toi aussi tu apprendras à l’apprécier.

 

 

Wallace fit glisser la copie de la lettre sur la table.


- Mouais… On peut pas dire que ce soit très encourageant en effet.
- C’est un euphémisme, ricana Mac.
- Il n’est peut-être pas mort ? suggéra Wallace.
- Wallace au pays des Bisounours ! se moqua gentiment la hackeuse.


Veronica n’écoutait le débat entre ces deux amis que d’une oreille, occupée à parcourir des yeux le contenu de la lettre.


- Non mais c’est possible ! s’exclama Wallace. Peut-être qu’il est rentré dans un hôpital et qu’il ne téléphone pas de peur de se faire attraper ?
- Je ne vois pas pourquoi ça l’empêcherait d’utiliser sa SpoofCard… contrecarra Mac.


Wallace se tourna vers Veronica.


- V…


Sa meilleure amie releva la tête.


- Mets-toi à la place de Duncan deux secondes. Tu es sur le point de mourir tout en laissant une gamine de huit ans derrière toi. Qu’est-ce que tu fais ?


Veronica fronça les sourcils.


- Je tente le tout pour le tout.
- Exactement ! Et peut-être que ce « tout pour le tout » implique un silence-radio, va savoir ! Et puis sérieux les filles, imaginons deux secondes que Duncan ait senti que ça y est, la fin était là. Qu’auriez-vous fait à sa place ?


Veronica n’hésita pas un instant.


- J’aurais appelé Little Lilly pour lui dire au revoir.


Le regard de Wallace se porta sur Mac. Celle-ci reconnut de mauvaise grâce :


- Idem…
- Eh ben voilà ! Conclusion : faut pas baisser les bras ! Ok, y’a de grandes chances pour que Duncan soit… enfin… « plus là », mais si jamais il y a une toute petite chance que ce soit pas le cas, ça mérite que vous continuiez à creuser !


Veronica et Mac se jetèrent un coup d’œil.


- Non ? demanda Wallace.


Elles le regardèrent en souriant.


- Tu as déjà pensé à concourir au titre de meilleur BFF au monde ? demanda Veronica.
- T’aurais mon vote direct ! renchérit Mac.


Wallace rigola.


- Vous les filles, vous avez le don de toujours tout voir en noir.


Il leva son Irish Coffee et ajouta :


- Allez, on trinque à notre chance !


C’est sûr que la chance nous a toujours gâtés autour de cette table : un père adoptif –mais qu’on croyait biologique – mort ; un échange de bébés à la maternité + un petit-ami serial killer suicidé ; une mère alcoolique portée disparue + une meilleure amie assassinée + un viol + une sextape sur Internet… Comment ça « Ca y est tu recommences à tout voir en noir Veronica ?!? »


Ravalant son mauvais esprit, elle trinqua avec ses acolytes et avala une gorgée de son Mojito.


- Et sinon c’est quoi le truc que t’as appris pour Weevil ? demanda Wallace en reposant son verre.
- Hum… J’ai quasiment découvert l’identité du type qui lui aurait soi-disant vendu une arme.
- Quasiment ?
- Eh bien disons qu’après une rapide recherche dans l’annuaire, j’ai déterminé qu’il existe six mille trois-cent dix-neuf « W. Smith » en Californie.
- Ah… Ouais, quasiment quoi.
- Voilà.
- Demain je lance une recherche pour voir s’il existe un lien entre l’un d’entre eux et les Kane, proposa Mac.
- Inutile, soupira Veronica. Je mettrai ma main à couper qu’il s’agit d’un membre du Castle, et donc a priori sans aucun lien avec les Kane. Ils ne sont pas si bêtes...
- Ne me dis pas que tu vas te relancer dans cette enquête ! s’exclama Wallace. Hors de question que je joue à nouveau les cobayes !


Veronica grimaça.


- Non. Jake Kane est derrière les barreaux, pour un autre méfait certes, mais au moins il est puni.
- Alors comment on s’y prend ? demanda Mac.
- On enquête au cas par cas, du plus proche de Neptune au plus lointain.


Mac soupira.


- Je vais y passer des heures ! Tu sais combien il y a de Walter, de Wilson et de Wyatt à Neptune ?!?
- Sans compter les Wade, les Walker et les Wilfried… renchérit Veronica.
- Eh ! râla Wallace. Vous oubliez pas un prénom là ? Celui qui devrait vous venir en premier à l’esprit?


Veronica lança un clin d’œil discret à Mac qui hocha subrepticement du chef.


- Ah oui ! s’exclama Mac. Wentworth bien sûr !
- … Miller ! J’adooore ses tatouages! minauda Veronica.
- Mais non, pas lui !
- Ah ? répondit la détective. Wyclef alors?
- … Jean, comme le chanteur des Fugee’s ! s’exclama Mac. Mes parents écoutaient ça quand j’étais gamine, c’était cool !
- Mais non ! Le meilleur de tous, le Prince de Neptune !
- Ah ! fit mine de comprendre Veronica. Le prince William !
- Mais non !
- Will Smith, le prince de Bel-Air ? proposa Mac.
- J’ai dit le Prince de Neptune, pas d’Angleterre ou de Bel-Air !
- John Wayne ? proposa Veronica.
- Non plus.
- Kanye West alors ? suggéra Mac.
- Vous dîtes n’importe quoi les filles, en plus c’est même pas leur prénom, c’est leur nom de famille !
- Ben non, vraiment, on trouve pas… réfléchit Mac.
- On a beau ouvrir les yeux … commença Veronica en joignant le geste à la parole.
- … on voit pas ! conclut Mac en se penchant vers Wallace en ouvrant à son tour grand les yeux.


Wallace comprit.


- Ah ah ah, fit-il mine de rire. Super drôle les filles…


Veronica et Mac éclatèrent de rire. C’est à cet instant qu’une voix masculine résonna derrière elles.


- Quelqu’un a parlé de prince charmant mesdemoiselles ? Parce que je suis l’homme de la situation !


Même si je n’avais pas reconnu sa voix, une réplique aussi débile ne peut être proférée que par un seul individu à Neptune !


- Dick ! s’exclama Veronica en se retournant. Quel plaisir de te revoir…


Découvrant l’identité des personnes attablées, Dick eut un mouvement de recul.


- Vous ici ? Ciel, mais ils laissent vraiment rentrer n’importe qui maintenant au 09er ! Attendez-moi deux secondes, je reviens avec le videur…


Il fit quelques pas en direction de la porte avant de faire demi-tour, hilare.


- Je vous ai bien eus hein !


Même si le visage de Veronica, Wallace et Mac affichaient clairement leur consternation, il continua à rigoler tout seul et revint près d’eux.


- Après ce que tu as fait pour mon pote, je peux bien te laisser te prendre pour Cendrillon une nuit ! dit-il en faisant une boutade à Veronica. Au fait, pas trop déçue qu’il ne rentre pas de sitôt ?


Veronica perdit son air goguenard tandis que ses amis lui lançaient un regard perplexe. Elle fronça le nez et tourna ses index l’un autour de l’autre pour signaler qu’elle leur en parlerait plus tard. Pendant ce temps, Dick poursuivait :


- Ce doit être long pour lui… Je suis quand même bien content qu’il se soit trouvé Abby, ça lui passe le temps !


Veronica le foudroya du regard.


La Belle au Bateau Dormant s’appelle donc Abby ? Et comment se fait-il qu’elle soit suffisamment importante pour que Logan en ait parlé à Dick ? Hors de question que je lui fasse le plaisir de le lui demander…


- Oui, moi aussi je suis ravie. Contrairement à d’autres, je n’aimerais pas que son cercle d’amis se résume à une seule et unique personne !
- Te fâche pas Ronnie, je t’ai dit que j’étais là en paix ! Tu m’offres un verre ?
- Tu n’as pas ta ceinture aujourd’hui ?
- Nan, je l’ai oubliée chez Angela. Ou Pam, je sais plus…
- Très classe, remarqua Mac.
- Merci Ghost World. Tiens, et si tu profitais du fait que les mecs ici soient tous à moitié bourrés pour te trouver quelqu’un ?


Il s’adressa à Wallace.


- T’es célibataire toi aussi, non ? Vas-y fonce !


Il se pencha finalement vers Veronica.


- Oh, et puis je pense que tu peux déjà commencer à prospecter également…


Il lui fit un clin d’œil et s’éloigna. Wallace et Mac lancèrent un regard lourd de questions à Veronica qui secoua la tête.


- Pas ce soir s’il vous plaît… On n’était pas censé faire la fête à la base ?


Ses amis lui sourirent, complices.


- Allez, on va danser ! proposa Wallace.

 


lili59  (13.09.2014 à 07:49)

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